1. la démocratie
    1. concepts
    2. le paradigme démocratique
    3. l'injustice du processus démocratique
  2. le vote
    1. le pseudo-droit de vote
    2. le vote ne crée pas de la justice
    3. l'illégitimité du vote
    4. l'irrationnalité du vote
  3. le suffrage
    1. qui vote sur quoi ?
    2. suffrage « universel » vs. suffrage censitaire
  4. la stratégie
    1. démocratie vs. république constitutionnelle
    2. démocratie vs. monarchie
    3. abstentionnisme et autres stratégies
    4. que faire ?

I. la démocratie

Cet article1 se veut une analyse de la démocratie du point de vue de la théorie libérale du Droit. Nous commencerons donc par une définition de ces concepts.

concepts

démocratie
Le mot démocratie2 est ici employé au sens précis de régime politique3 dans lequel la source primaire4 de légitimité est la volonté de la majorité5.
théorie libérale6 du Droit
Le Droit7 ne se définit pas, il se découvre8. Il s'agit de découvrir ce qui est juste, pas de le définir. Le rôle d'un juge est de trouver, découvrir, déterminer si l'accusé est coupable ou innocent, pas de le décider. De même, le rôle de toute société doit être de découvrir le Droit, et non pas de le décider, de découvrir ce qui est juste, non de le décider. Le Droit n'a donc rien à voir avec les lois9. Pour que le concept de Droit ait un sens, il doit être universel : Où est la justice si pour un même acte une personne est libre et une autre va en prison, juste parce que 100 mètres et une frontière les séparent ? Une conception du droit basée sur la loi est donc dénuée de sens : un meurtre est ou juste ou injuste, point. Ce n'est pas l'avis d'un dictateur ou autre législateur auto-proclamé qui va y changer quoi que ce soit : ce n'est pas parce que tel dictateur décrète que tel personne n'est pas autorisée à vivre que ladite personne n'a pas le droit de vivre. Le Droit est donc universel, il est le même pour tous. Chaque être humain, qua être humain, a les mêmes droits, qui ne peuvent être que des droits négatifs10.

le paradigme démocratique

Dans une démocratie, il y a des élections, et selon quel parti les gagnera, le gouvernement peut changer de façon importante. Néanmoins, tant que le parti gagnant respecte la Constitution, et accepte de céder le pouvoir s'il perd les élections suivantes, le régime politique, le méta-système, reste le même. Le paradigme de la légitimité majoritaire n'est pas bouleversé.

Fondamentalement, il y a trois façons de prendre une décision : l'autoritaire, la démocratique, la libérale. Prenons un exemple simple : Faut-il manger chez Flunch ou au McDo11 ? Si la décision est prise de façon autoritaire : Jacques Chirac mange au McDo12 ? Tous les Français mangeront donc au McDo. Si elle est prise de façon démocratique : La majorité du peuple Suisse décide, en votation, suite à une initative populaire de manger au Flunch ? Tous les Suisses mangeront donc chez Flunch. Si la décision est prise de façon libérale, chacun décide de manger ce qu'il veut. Etrangement, là-dessus, les gens, en général, ont choisi la manière libérale.

Autre exemple, déjà plus contesté, la religion : 1) Le roi est catholique, donc tout le monde est catholique et on brûle les protestants 2) La majorité est catholique, donc tout le monde est catholique et on brûle les protestants 3) Chacun prie qui il veut.

Là, la manière libérale l'a emporté en Occident, mais il a fallu du temps. Pour le reste, il faut encore attendre le changement de paradigme. Le raisonnement est pourtant le même, et peut être appliqué aux sujets chauds récents : Faut-il subventionner telle ou telle industrie, Swissair, les paysans ? La réponse libérale : que ceux qui veulent la subventioner la subventionnent, point. Faut-il vivre en communauté ou seul ? Que ceux qui veulent vivre en communauté vivent en communauté, que ceux qui veulent vivre seuls vivent seuls. Faut-il accueuillir des réfugiés ? Que ceux qui veulent en accueuillir en accueuillent, etc.

Nous venons de voir qu'il y a une meilleure manière de prendre des décisions que la démocratie ; nous allons voir que cette manière est également plus juste.

l'injustice du processus démocratique

Democracy is two wolves and a lamb voting on what to have for lunch.13

Imaginons qu'il y a trois personnes dans une voiture. Si deux d'entre elles se mettent d'accord pour tuer la troisième, sans raison aucune, pensez-vous que cela soit juste ? Si vous répondez non, vous n'êtes déjà pas un démocrate. À moins que... la démocratie devrait avoir un nombre mimimum de personnes pour être valide ? Ou serait-ce que cette démocratie ne serait pas valide parce que faisant partie d'une démocratie plus grande, le pays où l'on se trouve ? Argument bizarre : comment savoir quelle taille correcte, juste et légitime ce pays doit avoir ? Imaginons un Suisse et un Français, les deux habitant près de la frontière. Le Suisse a le « droit » démocratique de se mêler de la vie des autres Suisses, le Français de celle des autres Français. Mais pourquoi le Français aurait-il plus le droit de se mêler de la vie des Français que de la vie du Suisse ? Parce qu'il fait partie de la « nation » française et l'autre non ? Et si les deux sont des immigrés Arabes ? Et si les deux sont moitié Français, moitié Suisses ? C'est donc purement un bout de papier qui détermine sur qui je peux imposer mes idées et qui peut m'imposer les siennes ? Rien d'autre ? Rien d'autre.

Revenons donc à l'exemple : en quoi l'espace territorial « Suisse » serait-il plus pertinent pour la démocratie que l'espace territorial « ma voiture » ? Logiquement, en rien. Il est donc ici clairement visible que la démocratie n'a pas sa source dans la raison ou le Droit, mais uniquement dans les rapports de force. En effet, la seule délimitation, c'est l'État. Le français est rattaché à l'État français, le Suisse à l'État suisse, uniquement en fonction de l'endroit où ils sont nés ou du rattachement de leurs parents. Autrement dit : les deux sont comme des esclaves, car ce sont les esclaves qui naissent esclaves d'un maître A ou B uniquement parce que leurs parents « appartenaient » à A ou B. D'ailleurs, c'est bien d'esclavage qu'il s'agit :

Soit un maître possédant 999 esclaves. Devenu plus libéral, il décide de dispenser ses esclaves de tout service direct et les laisse libre de leurs activités à condition qu'ils lui remettent leurs revenus de deux jours sur sept et qu'ils se soumettent aux règlements qu'il édicte pour protéger leur capacité productive. Le maître accepte ensuite que toute décision concernant ses 999 esclaves soit prise à la majorité des voix de ceux-ci, celle de Démocraticus exceptée. Les 998 nouveaux maîtres de Démocraticus décident un jour de lui permettre de participer aux votes quand une égalité des voix se produit. Puis, les 998 accordent à Démocraticus un droit de vote permanent, sachant fort bien que sa voix ne comptera que dans l'éventualité improbable de l'égalité : c'est la démocratie. On ne peut déterminer où, dans ce processus graduel, Démocraticus a cessé d'être esclave. En fait, si son maître a changé, son statut est demeuré le même : il est maintenant l'esclave de la majorité. L'État démocratique viole les droits individuels parce qu'il impose aux citoyens un statut d'esclaves de la collectivité c'est-à-dire de l'État.14

Mais l'État, c'est quoi ? L'État, par définition, est un ensemble de gens ayant le monopole de la violence, étant donc les plus forts sur un territoire donné, c'est à dire une mafia, à la différence près que ce monopole de la violence est dit « légitime », i.e. considéré comme légitime par une part importante de la population, contrairement à la mafia. Autrement dit : l'État c'est le plus fort sur un territoire donné, qui donc exerce la loi du plus fort, et qui seul peut se permettre d'exercer la violence sans avoir à en subir les conséquences. Si la légitimité de la démocratie devait se baser sur l'État, ce serait donc tout simplement la légitimité de la loi du plus fort, les frontières des démocraties étant dues aux rapports de force, sans aucune explication logique, légitime ou cohérente.

Reste donc la légitimité de la quantité. Mettons de côté l'Etat, et revenons à nos trois automobilistes. Mettons les sur une île, en dehors donc de la territorialité des Etats établis. Donc, si deux d'entre eux votent à une majorité, comfortable d'ailleurs, l'exécution du troisième, est-ce juste, légitime ? Qui oserait le soutenir ? Pourtant, c'est bien de la démocratie. Et si trois c'est trop peu, combien faut-il être ? 100 ? 200 ? un million ? un milliard ? Là-encore, la démocratie n'a pas de réponse.

Il n'y a donc aucune différence de légitimité entre nos trois personnes et n'importe quel État, autre que le mythe de la légitimité de l'État, considéré comme tombé du ciel par magie15 et qui rendrait légitime ce qui ne l'est pas.

Nous voyons bien que personne, in fine, ne considère la démocratie comme juste per se. En général, les gens pensent plutôt que c'est la moins mauvaise des solutions et la majorité écrasante de leurs décisions sont prises de manière libérale, et non de manière démocratique. Les gens agissent libéralement tours les jours, lorsqu'ils vont chez le coiffeur qu'eux choisissent, lorsqu'ils vont manger au resto que pourtant plein de gens détestent, lorsqu'ils se brossent les dents avec un dentifrice non-ratifié par la majorité, etc., et n'imposent leurs décisions aux autres que les quelques rares fois qu'ils vont voter. 16

II. le vote

le pseudo-droit de vote

Comme nous l'avons vu, les droits doivent être universels et ne peuvent être que négatifs. Le « droit » de vote, en tant que « droit positif » n'est pas un droit, mais un pouvoir. Le pseudo-droit de vote n'est pas universel : il dépend d'une construction humaine dans le temps (l'apparition du bureau de vote, de lois) et dans l'espace (le vote est lié à un endroit précis sur Terre). Les vrais droits, eux, sont universels spatialement et temporellement : je n'ai pas plus le droit d'assassiner mes voisins aujourd'hui que demain, et je n'ai pas plus le droit de les assassiner en Italie qu'en Suisse.17

le vote ne crée pas de la justice

Si une bande de criminels vient chez vous et organise un vote pour savoir si il faut brûler ou non votre maison, ou une élection pour choisir lequel des criminels en décidera, allez vous participer au vote ? Allez vous considérer le processus comme légitime ? C'est pourtant exactement de cela qu'il s'agit en démocratie : une clique de politiciens prétend vous imposer ce que vous pouvez faire chez vous, avec votre propriété, et tout ceci soi-disant en toute légitimité, puisque vous pouvez participer à la procédure de prise de décision!

Si l'on considère le vote comme une procédure de délégation du pouvoir18, il faut bien voir que vous ne pouvez pas déléguer des droits que vous n'avez pas :

The people cannot delegate to government the power to do anything which would be unlawful for them to do themselves.19

Or, vous n'avez pas le droit d'assassiner, de voler, ou de réduire votre voisin en esclavage.

Si l'on considère le vote comme une procédure de création de lois, il faut bien voir que le vote ne peut pas, par magie, créer des droits qui n'existaient pas auparavant :

No human being, nor any number of human beings, have any right to make laws, and compel other human beings to obey them. To say that they have is to say that they are the masters and owners of those of whom they require such obedience.20

Bien sûr, le vote est encore plus profondément injuste si en plus les criminels qui viennent brûler votre maison vous forcent, vous obligent sous la menace de la violence à voter. Cette triste pratique, aussi absurde qu'elle puisse paraître — après tout, même les criminels n'y gagnent strictement rien, et il faudrait être sacrèment dérangé pour croire qu'une obligation, un acte accompli sous la menace, puisse avoir une quelconque validité juridique, sans même parler de légitimité — existe pourtant bel et bien, en Belgique par exemple.21

l'illégitimité du vote

Imaginons un autre scénario : les criminels organisent un vote ou ils vous laissent le choix entre brûler votre maison et brûler toutes les autres maisons du quartier. Que faites-vous ? Est-ce que vous participez au vote, vous rendant d'une certaine manière complice de leurs crimes ? Ou est-ce que vous riez au nez des criminels s'ils ne sont pas armés et vous défendez contre eux s'ils le sont ? Si vous acceptez la procédure, n'est-ce pas reconnaître que vous accepterez son résultat ? N'est-ce pas reconnaître que vous la considérez comme légitime ?

“If you could have cast the deciding vote against Hitler, would you have done so ?” I replied, “No, but I would have no moral objection to putting a bullet through his skull.” [...]

I consider such a bullet to be an act of self-defense in a manner that a ballot could never be. A bullet can be narrowly aimed at a deserving target; a ballot attacks innocent third parties who must endure the consequences of the politician I have assisted into a position of power over their lives. Whoever puts a man into a position of unjust power - that is, a position of political power - must share responsibility for every right he violates thereafter.[...]

So, returning to the question of voting for Hitler : purely for the sake of argument, I'll grant the possibility that I could morally cast a ballot. Yet even then, I would still refuse to vote against him. Why ? Because the essential problem is not Hitler, but the institutional framework that allows a Hitler to grasp a monopoly on power. Without the state to back him up and an election to give him legitimized power, Hitler would have been, at most, the leader of some ragged thugs who mugged people in back alleys. Voting for or against Hitler would only strengthen the institutional framework that produced him - a framework that would produce another of his ilk in two seconds. Killing Hitler does less damage.[...]

Under tyranny, such violence might be justified as long as I could avoid harming innocent third parties. In these circumstances, however, voting could not be justified, because there is a third party. No one has the right to place one human being in a position of political power over another.22

Si je vote pour A, qu'il gagne les élections grâce à mon vote, et qu'une fois élu commet certains crimes, n'en suis-je pas en partie responsable ? Après tout, peut-être que si j'avais voté pour B, B aurait gagné et n'aurait pas commis ces crimes. Ou peut-être qu'il en aurait commis de pires. Si l'on admet que j'ai une influence sur le résultat du vote, dans les deux cas j'encouragerai un criminel en puissance plutôt qu'un autre, et je pourrai ensuite d'une part difficilement me plaindre de ce qu'il me fera subir, puisque je l'aurai choisi, et d'autre part aurai une part de responsabilité sur ce qu'il fera subir aux autres, qui eux n'auront même pas voté pour lui.

l'irrationnalité du vote23

Est-il rationnel d'aller voter ? Le vote le plus irrationnel, c'est probablement le vote blanc24, que nous analyserons donc en premier.

Pourquoi voter blanc ? Vous faites l'effort du déplacement, alors que votre vote ne sera pas pris en compte, et donc sera parfaitement inutile.

Le vote blanc est l'attitude des « républicains citoyens » qui veulent dire qu'ils se bougent le cul, qu'ils sont démocrates, qu'ils acceptent la politique25, mais que juste le choix proposé hic et nunc ne leur plaît pas. Or, le problème n'est pas qui sera calife26, mais le fait même qu'il y ait un calife!

Le vote blanc est donc profondément contradictoire : il exprime une acception de la démocratie, tout en en voyant l'échec : la démocratie est incapable de me donner de bons candidats, pourtant je la soutiens quand même. Or, les candidats proposés ne sont pas là par hasard, mais sont le résultat structurel de la démocratie, ces gens sont là parce qu'ils veulent le pouvoir, ils auront donc les caractéristiques de gens avides de pouvoir :

the probability of the people in power being individuals who would dislike the possession and exercise of power is on a level with the probability that an extremely tender-hearted person would get the job of whipping-master in a slave plantation27

Historically, the selection of a prince was through the accident of his noble birth, and his only personal qualification was typically his upbringing as a future prince and preserver of the dynasty and its status and possessions. This did not assure that a prince would not be bad and dangerous, of course. However, it is worth remembering that any prince who failed in his primary duty of preserving the dynasty—who wrecked or ruined the country, caused civil unrest, turmoil and strife, or otherwise endangered the position of the dynasty—faced the immediate risk of either being neutralized or assassinated by another member of his own family. In any case, however, even if the accident of birth and his upbringing could not preclude that a prince might be bad and dangerous, at the same time the accident of noble birth and a princely education also did not preclude that he might be a harmless dilettante or even a good and moral person. In contrast, the selection of government rulers by means of popular elections makes it practically impossible that any good or harmless person could ever rise to the top. Prime ministers and presidents are selected for their proven efficiency as morally uninhibited demagogues. Thus, democracy virtually assures that only bad and dangerous men will ever rise to the top of government; indeed as the result of free political competition and selection, those who rise will become increasingly bad and dangerous individuals, yet as temporary and interchangeable caretakers they will only rarely be assassinated.28

Nous admettrons donc que si vous allez voter, c'est bien pour mettre un nom ou un choix sur le bulletin magique.

Il n'y a que deux possibilites : le résultat peut être serré ou non serré. Si le résultat est non serré, ma voix n'aura aucune influence sur le résultat. Si le résultat est serré, il est probable qu'il y aura un recomptage, ou qu'une cour de justice décidera, comme en Floride. Le seul cas où votre vote aura une influence réelle, c'est si, après recomptages, le scrutin est à une voix près. Cas ma foi fort peu probable. Donc, la chance que votre voix ait une influence sur le résultat est proche de zéro, du moins pour les élections nationales, importantes. En fait, il est sans doute statistiquement plus probable de vous prendre une brique sur la tête en allant voter que d'avoir une influence sur le résultat. Il s'ensuit donc que pour qu'il soit rationnel d'aller voter, il faudrait que le coût soit proche de zéro aussi. Admettons donc le cas d'un vote par correspondance qui ne prend que 5 secondes pour mettre une croix dans une case. Mais si je vote au hasard, c'est comme si je ne votais pas du tout. Pour que le vote ait un sens, il faut que je vote en connaissance de cause pour faire un choix rationnel. Or, l'information a aussi un coût.29

Quel est le coût de l'information ? Il faudrait, d'une part, lire les programmes de tous les partis. D'autre part, suivre en détail les votes des élus au parlement, pour savoir si ils suivent le programme de leur parti ou non. Et là encore, aucune certitude, même un politicien qui tient ses promesses peut cesser de les tenir à tout moment. Donc, le coût est totalement démésuré par rapport au résultat potentiel, lequel, une fois pondéré par la probabilité qu'il existe réellement, est très faible. L'attitude rationnelle est donc l'ignorance. Prenons un exemple.

Imaginons que vous êtes consommateur de cannabis. Il est rationnel pour vous de voter pour un parti30 qui légalisera le cannabis, et irrationnel de voter pour un parti qui vous mettra en prison. Toutefois, le simple fait de vous renseigner pour savoir quel parti est pro et quel parti anti-cannabis vous coûtera du temps, alors que vous aurez légèrement plus de probabilité de faire le bon choix, et une probabilité toujours aussi quasi-nulle pour que ce choix serve à quelque chose. L'attitude rationelle consiste donc à ne pas vous renseigner, et à plutôt utiliser ce temps pour arroser vos plantes, ou éventuellement réfléchir à comment se prémunir contre les risques accrus en cas de victoire du parti anti-cannabis.

Bien entendu, ceci est un cas assez simple, ne tenant compte que d'une seule de vos préférences. Si on considère deux préférences, la situation devient déjà ingérable. Imaginons qu'en plus vous êtes propriétaire d'armes à feu, tireur. Il est rationnel de voter pour un parti qui vous laissera avoir vos armes et irrationnel de voter pour un parti qui vous les confisquera. Mais si un parti A est pro-armes et anti-cannabis et un parti B est anti-armes et pro-cannabis ? Le coût de l'information s'en trouve encore amplifié, il faudra que vous teniez compte du plus grand nombre de critères possibles pour voir quel est le parti qui a le plus de points positifs, voir si le parti A est plus anti-cannabis que le parti B est anti-armes. Il faudra vous établir une échelle de valeurs, calculer le rapport risque/bénéfices, etc. Et avec ça, le plus probable est que vous arriviez à la conclusion que vous êtes perdant dans tous les cas.

De plus, considérons qu'un parti A s'oppose à la liberté B et qu'un parti B s'oppose à la liberté A. Considérons également que le statu quo est plus ou moins favorable aux deux. Dans ce cas, si le parti A devait gagner trop largement, il pourra sans difficulté menacer sérieusement la liberté B, et vice-versa. Donc, le moins mauvais serait dans ce cas qu'il y ait plus ou moins égalité entre les deux partis, empêchant ainsi toute entrave supplémentaire à la liberté. Par exemple, certains libéraux américains estiment que le moins mauvais, aux USA, est une « cohabitation » entre un président d'un parti et un parlement d'un autre parti, car cela empêche de nouvelles décisions liberticides. Donc, que voter dans un tel cas ? Là encore, il faudrait avoir des informations sur ce que les autres vont voter, informations que vous n'avez pas. Quant à faire confiance aux sondages, leur % d'erreur est de toute manière bien supérieur à l'influence que vous pourriez avoir.

Et nous n'avons vu ici que le cas de deux préférences et de deux partis, alors qu'en réalité il y a toujours plus de partis que ça, et celles de vos préférences qui peuvent être attaquées par le politique peuvent malheureusement être des dizaines voire des centaines. Il est donc irrationnel de voter. Bien entendu, le contre-argument classique est que « si tout le monde se disait ça... ». Il faut donc rappeler que le fait que vous votiez ou pas n'aura pas la moindre influence sur quiconque, vu que le vote est secret.31 Il y a indépendance entre la probabilité que vous alliez voter et la probabilité que n'importe qui d'autre aille voter. Donc, il serait ridicule de s'imaginer avoir eu une influence sur d'autres (non)-votants en ne votant pas soi-même.

Par contre, là où il y a influence, et là ça se complique, c'est dans nos actes et nos paroles. Que je vote ou que je ne vote pas, vous n'en savez rien. Par contre, ce que je vous dis, si je vous dis que j'ai voté ou que je n'ai pas voté, cela peut vous influencer. Peut-être qu'en lisant cet article, vous aurez été convaincu de voter ou non. Là encore, mon influence reste minime. Mais imaginons quelqu'un de célèbre qui passe à la TV pour dire « votez pour A » ou « votez pour B ». Dans la mesure où il peut influencer des milliers de personnes, on peut supposer qu'il peut être rationnel pour lui de paser 5 minutes de son temps pour convaincre 100'000 personnes de voter pour un parti qui l'arrange. Toutefois, son acte de vote en lui-même reste tout aussi insignifiant que celui de n'importe qui d'autre. On sort donc ici de la question de l'attitude individuelle à avoir pour passer à celle de la stratégie d'un mouvement. S'il est possible d'arriver à convaincre les gens de voter pour le moins mauvais parti, est-ce que cela vaut la peine d'être fait ?

III. le suffrage

qui vote sur quoi ?

Dans le cadre démocratique, est-il mieux — moins mauvais — que tous votent, ou que certains votent ? Et, plus fondamental, dans un cadre démocratique, les termes « certains » et « tous » ont-ils un quelconque sens ? Étudions d'abord le cas du « droit » de vote des femmes :

Women are human beings, and consequently have all the natural rights that any human beings can have. They have just as good a right to make laws as men have, and no better; AND THAT IS JUST NO RIGHT AT ALL. No human being, nor any number of human beings, have any right to make laws, and compel other human beings to obey them. To say that they have is to say that they are the masters and owners of those of whom they require such obedience.32

Woman's demand for equal suffrage is based largely on the contention that woman must have the equal right in all affairs of society. No one could, possibly, refute that, if suffrage were a right. Alas, for the ignorance of the human mind, which can see a right in an imposition. Or is it not the most brutal imposition for one set of people to make laws that another set is coerced by force to obey ?33

En effet, nous avons vu que le vote n'est pas un droit, mais un pouvoir illégitime. Or, pourquoi une égalité en pouvoirs illégitimes serait-elle forcément moins mauvais qu'une inégalité ? Y-a-t-il une quelconque raison pour que le crime soit égalitaire ? Non. Si une loi disait que seuls les blancs ont le « droit » de violer des femmes, et que des mouvements réclamaient le « droit de viol » aussi pour les noirs, faudrait-il les soutenir, au nom de l'égalité ? Non, il faudrait plutôt se battre pour que les blancs n'aient pas le « droit de viol » non plus.34

Toutefois, cette analogie n'est valable qu'en partie. En effet, une légalisation du viol pour les noirs ferait logiquement augmenter le nombre total des viols, et donc serait forcément mauvaise. Par contre, dans le cas du « droit » de vote, le nombre de votants ne change rien au fait que c'est finalement une décision qui est prise. S'il n'y a donc aucune raison au niveau du Droit de soutenir l'extension du « droit » de vote aux femmes, ou aux étrangers (le même raisonnement s'applique), il n'y a pas de raison au niveau du Droit de s'y opposer non plus.

C'est donc au niveau de la stratégie qu'il faut raisonner. Si l'on est aux USA et que l'on sait que tous les étrangers, dès qu'ils auront le « droit de vote », iront voter pour le Libertarian Party, il n'y a pas de raison de s'opposer à ce qu'ils obtiennent effectivement le « droit » de vote. Pour la Suisse, j'avais vu un sondage montrant que les étrangers, ont tendance à être plus autoritaires que les Suisses. Dans ce cas, il n y a clairement aucun intérêt stratégique à soutenir le « droit » de vote des étrangers, il y aurait même raison de s'y opposer.35

Par ailleurs, pour le libéralisme, « la sphère de décision »36 doit être la plus petite possible, i.e., toute décision ne concernant qu'une personne ne doit etre prise que par cette personne, et toute décision concernant un groupe ne doit être prise que par ce groupe.37

Autrement dit, le libéralisme vise à réduire et décentraliser au maximum la sphère de décision pour qu'elle se limite si possible aux seuls concernés, et inclue le moins possible de non-concernés :

However, the right of self-determination of which we speak is not the right of self-determination of nations, but rather the right of self-determination of the inhabitants of every territory large enough to form an independent administrative unit. If it were in any way possible to grant this right of self-determination to every individual person, it would have to be done.38

Tout le contraire de la démocratie, qui est par nature expansive. Dès que le principe d'individualité des décisions est rompu, il n'y a plus de limite logique à la sphère de décision. Si l'on admet, ce que fait la démocratie, que pour la construction d'une maison, d'autres personnes que les propriétaires, les constructeurs et les riverains sont concernés, ou s'arrête la sphère de gens concernés ? Dans une perspective nationaliste, poussée jusqu'au bout, toute décision concerne la nation, mais puisque la démocratie, par sa nature expansive, vise à dépasser le nationalisme (il est désormais souvent admis que le non-« droit » de vote des étrangers, donc la limitation de la démocratie aux seuls « citoyens » de la « nation », constitue une incohérence nationaliste dans la démocratie actuelle), une démocratie pure doit viser le suffrage « universel ».

Aucune théorie démocratique ne fournit de raison convaincante de considérer comme une amélioration tout élargissement du corps électoral. Nous parlons de suffrage universel des adultes, mais en fait des limitations sont édictées au vu de considérations d'opportunité. L'âge limite de 21 ans, et l'exclusion des criminels, des résidents étrangers, des citoyens non résidents, et des habitants de régions ou territoires spéciaux, sont généralement tenus pour raisonnables. Il ne semble nullement démontré que la représentation proportionnelle soit préférable parce que plus démocratique. On peut difficilement soutenir que l'égalité de droits implique nécessairement que tout adulte ait le droit de vote ; le principe vaudrait si la même règle impersonnelle était valable pour tous également. Si seules les personnes de plus de quarante ans, ou les titulaires de revenus, ou les chefs de famille, ou les personnes sachant lire et écrire avaient droit de vote, il n'y aurait guère plus d'atteinte au principe que dans le cadre des limitations actuellement admises. Des gens raisonnables peuvent soutenir que les idéaux de la démocratie seraient mieux servis si, disons, tous les fonctionnaires d'Etat, ou tous les bénéficiaires de l'aide publique étaient privés du droit de vote. Que dans le monde occidental, le suffrage universel des adultes soit considéré comme le meilleur arrangement, ne prouve pas que ce soit requis par un principe fondamental.

Nous devrions aussi rappeler que le droit de la majorité est habituellement reconnu à l'intérieur du pays seulement, et que ce qui se trouve être un seul pays politiquement parlant n'est pas toujours une unité naturelle ni évidente. Nous ne considérons incontestablement pas qu'il soit légitime que les citoyens d'un grand pays dominent ceux d'un petit pays voisin, sous prétexte qu'ils sont plus nombreux que ces derniers. Il n'y a pas davantage de raison pour que la majorité des gens qui se sont assemblés pour un certain objectif, que ce soit une nation ou quelque organisation supra-nationale, ait le droit d'étendre son autorité à sa guise. La théorie courante de la démocratie souffre du fait qu'on l'élabore d'ordinaire en vue d'une communauté homogène idéale, et qu'on l'applique ensuite à ces unités, ô combien imparfaites et souvent artificielles, que constituent les États existants.39

Ce processus d'extension du suffrage est d'une part une conséquence logique du principe démocratique (la majorité décide), par opposition au principe libéral (chacun décide pour soi), d'autre part parfaitement visible historiquement : d'abord résérvé aux riches, puis étendu progressivement aux pauvres, abaissement de la limite d'âge, autrefois 21-25 ans, désormais 18, certains proposant 16, extension aux femmes, et désormais, en Europe, aux étrangers40 (aux étrangers venant d'un autre pays de l'UE au sein de l'UE, ainsi qu'aux étrangers extra-européens en Norvège, au Danemark, en Suède, en Irlande, aux Pays-Bas, et récemment en Belgique41;, avec en général une condition de quelques années de résidence, ce qui n'a pas de justification démocratique non plus, il est donc logique de supposer que la tendance de la démocratie sera de réduire ce nombre d'années ; d'ailleurs certains proposent déjà de donner le « droit » de vote même aux immigrés « illégaux », donc dès leur arrivée dans le pays42, mais toujours à la condition qu'ils habitent le territoire national, ce qui, là encore, n'est en rien une condition logique ou cohérente, mais une condition liée au concept nationaliste, et non démocratique, de frontière nationale).

Après tout, les Suisses de l'étranger, donc ne résidant pas sur le territoire national, ont bien le « droit » de vote. Donc, si les Suisses de Suisse, les étrangers de Suisse, et les Suisses de l'étranger ont le « droit » de vote, pourquoi donc les étrangers de l'étranger ne devraient-ils pas, logiquement, l'avoir aussi ? 

Dans le processus d'extension du droit de vote, il n'y a que deux points qui sont cohérents : personne n'a le droit de vote sur rien, et tout le monde l'a sur tout. Le premier s'appelle le libéralisme. Le second est impossible.

En effet, on parle également d'extension de la démocratie lorsqu'il est permis au « peuple » de se prononcer sur plus de sujets, et de réduction de la démocratie lorsqu'il peut se prononcer sur moins de sujets. La Suisse est considérée comme un pays très démocratique, puisque la sphère de pouvoir des décisions démocratiques est très large, les Suisses pouvant voter sur tout et n'importe quoi.

Donc, la démocratie, tend naturellement à étendre, d'une part la sphère de décision (de plus en plus de personnes pouvant prendre les décisions43) et d'autre part la sphère de pouvoir (de plus en plus de décisions étant soumises au processus démocratique, au « contrôle démocratique » comme dirait la gauche, plutôt qu'au marché). Il s'ensuit que la démocratie, si elle veut être logique et cohérente, doit inclure tout le monde, i.e., jusqu'à découverte d'extraterrestres, toute la planète dans l'électorat, et doit inclure tout le monde, i.e., toute décision sur toute la planète dans son potentiel d'action, car il n'y a pas d'autre limite cohérente et inhérente à la démocratie. Il est donc logique que les démocrates veulent un État mondial44, une démocratie mondiale :

Once it is assumed that in order to institute peaceful cooperation between A and B it is necessary to have a state S, a two-fold conclusion follows. If more than one state exists, S1, S2, S3, then, just as there can presumably be no peace among A and B without S, so can there be no peace between the states S1, S2 and S3 as long as they remain in a state of nature (i.e., a state of anarchy) with regard to each other. Consequently, in order to achieve universal peace, political centralization, unification, and ultimately the establishment of a single world government, are necessary.45

Le processus d'extension du « droit » de vote peut être expliqué par le processus démocratique : un groupe politique a tout intérêt à promettre le « droit » de vote à de nouvelles classes de la population pour s'attirer ensuite leur vote. A priori, on peut logiquement s'attendre à ce qu'une femme ait plus tendance à voter pour un parti grâce auquel elle a obtenu le « droit » de vote plutôt que pour un parti qui y était opposé. Les divers partis socialistes, en particulier, ont adopté et pratiquent toujours cette stratégie. Il y a bien un parallèle historique entre l'extension du « droit » de vote et la montée des votes PS46, et aujourd'hui le PS tente de s'attirer les votes des étrangers en faisant campagne pour leur accorder le « droit » de vote.47

Si l'inclusion des six milliards et quelque habitants de la planète dans un même électorat ne pose pas de problème techniqueparticulier, il en est autrement de l'inclusion de toutes les décisions dans le processus de décision démocratique : chacun des six milliards d'individus prend quotidiennement un nombre de décisions tendant vers l'infini. Si les décisions de chaque individu devaient être soumises à tous les autres individus, tous les habitants passeraient leurs journées à voter, et ce ne serait toujours pas suffisant (ou, s'il s'agit d'une démocratie représentative, les députés n'auraient jamais le temps non plus de tout traiter). Autrement dit, la démocratie pure est impossible.

Les régimes démocratiques que nous souffrons actuellement ne sont pas des démocraties pures, car limitées par le nationalisme d'une part (zone de démocratie limitée par l'État-nation, et électorat limité aux nationaux ou résidants), et la zone d'influence est limitée par un certain libéralisme (comme nous l'avons vu, dans des domaines tels que le choix du restaurant ou le choix de la religion, c'est le principe libéral qui l'emporte).

suffrage « universel » vs. suffrage censitaire

Nous avons vu les problèmes, l'injustice et l'absurdité du suffrage « universel », c'est à dire un homme une voix. Mais qu'en est-il du suffrage censitaire, c'est à dire une forme de la démocratie où seuls ceux s'acquittant d'un certain impôt peuvent participer aux votes, ou encore, dans un sens plus étendu, une forme de la démocratie où chacun aurait non pas une voix, mais un nombre variable de voix dépendant de son revenu et/ou de sa fortune ?

L'argument pour est que si il y a un vote sur la construction d'un pont, ce sont les riches qui vont le payer de leurs impôts, pas les SDFs. Donc, il est plus légitime que ce soient les riches qui se prononcent sur la question, et non les SDFs. Donc, pour les questions financières, le suffrage censitaire est effectivement plus juste, ou plutôt moins injuste, que le suffrage « universel ». Remarquons toutefois qu'en poussant la logique un peu plus loin, on arrive au libéralisme : et si tout simplement les riches qui veulent le pont le payent et pas les autres ?

Par contre, le suffrage censitaire est tout aussi injuste que le suffrage « universel » pour tout le reste : un riche n'a pas plus le droit qu'un pauvre de faire voler ou faire mettre en prison son voisin innocent.

IV. la stratégie

Certaines formes de démocratie sont-elles moins mauvaises que d'autres, d'autres systèmes politiques qui ne sont pas libéraux non plus sont-ils moins mauvais, et que faut-il faire au niveau individuel, ou au niveau d'un mouvement non-démocrate qui cherche à faire progresser ses idées, ses droits ou sa liberté ?

démocratie vs. république constitutionnelle

Il peut y avoir des Constitutions qui se contentent simplement d'énoncer le principe de la loi du plus nombreux :

Notre Constitution est appelée démocratie parce que le pouvoir est entre les mains non d'une minorité, mais du plus grand nombre48

D'autres, telle l'américaine, peuvent prétendre au contraire limiter l'arbitraire du pouvoir de l'État et de la majorité en garantissant les droits individuels. Le problème, c'est que la Constitution ne tombe pas du ciel, il faut bien que quelqu'un l'écrive et l'approuve. Donc, dans une démocratie, comment faire pour que la Constitution soit en dehors du processus démocratique ? La définition même d'une Constitution au sens formel implique une procédure de révision plus lourde, i.e., que la simple volonté de la majorité du parlement ou du peuple ne suffit pas. Il faut donc parfois une double majorité (peuple et États composant une fédération), une majorité qualifiée, ou l'approbation d'une autorité spéciale élue séparément du parlement. Mais dans tous les cas, il faut bien que quelqu'un ait décidé que cette procédure soit ainsi, il faut bien que quelqu'un élise le Conseil Constitutionnel, et c'est bien de majorité, fédérale ou qualifiée, qu'il s'agit également. Bref : ces limites au pouvoir démocratique sont issues de ce même pouvoir démocratique, et donc ne sont pas universelles et absolues.49

démocratie vs. monarchie50

Et si ces limites au pouvoir de la démocratie étaient garanties par une autorité non-élue, un roi par exemple ? Faut-il considérer le passage historique de la monarchie à la démocratie comme un progrès, ou au contraire comme une régression ? Avant tout, il faut souligner que si un politicien n'a pas la moindre légitimité pour diriger tous ceux qui n'ont pas explicitement accepté d'être dirigés par lui, cela vaut aussi pour le roi.

Nous avons vu que la monarchie a comme avantage que le prince n'est pas choisi par le processus démocratique qui encourage les démagogues corrompus à arriver au pouvoir. Toutefois, cela implique aussi que le roi n'a de ce fait pas à se préoccuper d'être réelu ou non, peut-il donc faire ce qu'il veut sans rien assumer ?

Pas tout à fait. Le roi est personnellement responsable de ses dettes, il est considéré comme le propriétaire de l'espace public, alors que le politicien démocrate, simple intendant, n'est pas considéré comme propriétaire du gouvernement, et n'est donc pas responsable de ses actes. Si le roi contracte des dettes, c'est ses héritiers qui risquent de devoir les rembourser, s'il abîme ses terres et appauvrit le pays, c'est ses enfants qui se retrouveront directement plus pauvres. Le roi est donc incité à prévoir sur le long terme. Le politicien, lui, ne peut pas prévoir sur le long terme, justement parce que son avenir est incertain. Il doit donc distribuer les privilèges maintenant, et en donner le plus possible, et amasser de l'argent maintenant, détourner l'argent public, favoriser ses amis, etc. En somme, si vous êtes l'esclave d'un gouvernement, il vaut mieux un maître qui vous considère comme sa propriété et va donc vous exploiter sur le long terme, en ne vous exploitant donc pas trop pour vous garder en vie et assurer ses bénéfices sur le long terme, qu'une série de maîtres qui ne sont chacun maître que pour quelques jours ou quelques années et donc vont vous exploiter au maximum pendant qu'ils sont au pouvoir sans se soucier de votre santé et de l'avenir.

Par ailleurs, dans une monarchie, il y a une claire distinction entre deux classes51, la famille royale et leurs amis, et les autres. Les guerres, par exemple, sont donc considérées comme une affaire privée du roi, les territoires qu'il conquiert deviennent sa propriété. Dans une démocratie, au contraire, il y a une identification entre les citoyens et la Nation. La conscription se répand, elle permet à l'État de disposer d'une armée bon marché, et donc de sacrifier plus facilement des troupes, les guerres deviennent donc des conflits de masse aux victimes bien plus nombreuses, d'autant plus que :

In blurring the distinction between the rulers and the ruled, a democratic republic strenghtens the identification of the public with a particular state.52

Le pouvoir, les impôts, la dette publique53 sont perçus comme plus légitimes, et donc, tendent à s'accroître nettement plus. Chacun s'imagine pouvoir faire partie des dirigeants, l'administration et le nombre d'employés de l'État croissent massivement.

Faut-il pour autant prôner un retour à la monarchie ? Non, car d'une part, même si l'on admet que la monarchie peut être moins mauvaise que la démocratie, elle ne saurait être un but en soi. D'autre part, le concept de monarchie a de nos jours de toute façon perdu toute légitimité supposée pour la plupart des gens, du moins en Occident, et donc, la mise en avant de la monarchie serait encore plus minoritaire que celle de, par exemple, l'anarcho-capitalisme, et ne présente donc aucun intérêt stratégique.

abstentionnisme et autres stratégies

Faut-il voter ? Pour reprendre l'exemple d'avant, si la bande de criminels organisait un vote entre « brûler votre maison à moitié » et « brûler votre maison complètement », en admettant que vous puissiez avoir une influence sur le résultat, soit parce que vous n'êtes pas tout seul, soit parce que les criminels sont suffisamment peu nombreux ?

Si certains libertarians américains refusent même de voter pour le Libertarian Party par principe54, alors que ce parti a un programme libéral parfaitement clair55, la question devient encore bien plus délicate dans des pays sans LP. Pour faire simple, imaginons les USA sans LP, et considérons qu'il y a un parti A qui défend les libertés personnelles (sexe-drogue-etc) et un parti B qui défend les libertés économiques (moins d'impôts-moins de restrictions au libre-échange-etc.). Dans ce contexte, je ne vois pas de justification issue du Droit qui me permette de dire qu'une violation des libertés défendues par A serait plus grave qu'une violation des libertés défendues par B. Si je fais un choix, il sera donc basé uniquement sur ma préférence personnelle, ou mon intérêt personnel, ou ma stratégie personnelle.

Quelle est donc la bonne stratégie ? Si l'on pouvait convaincre tout le monde de ne pas aller voter, ce serait gagné. Si tout le monde n'allait pas voter, cela voudrait dire que les gens ont compris la supercherie démocratique et renoncé à la violence politique. Le vrai danger réside dans le fait que les gens qui risquent d'être sensibles à l'argumentation abstentionniste et non-démocrate sont les mêmes que ceux qui sont sensibles à l'argumentation libérale en général. Le risque est donc de voir les libéraux déserter les bureaux de vote, et voir une victoire des pires partis plutôt que des moins mauvais.

Il y a des cas où l'abstentionnisme devient stratégiquement de toute évidence tres intéressant. Par exemple, en Serbie, où il faut (fallait ?) une participation de 50 % pour qu'un vote soit reconnu. Ou encore, en Slovaquie et d'autres pays de l'Europe de l'est, où pour le référendum sur l'UE il fallait 50% de participation pour que le vote soit reconnu...56

D'autre part, si 55% des gens n'allaient pas voter non pas par paresse, mais parce qu'ils sont contre la démocratie et pour la liberté, on aurait 55% de gens prêts à aller manifester, faire la grève, se révolter etc. La démocratie survit avant tout parce que les gens y croient.57 Si 55 % des recrues de l'armée ne se présentaient pas, que ferait l'État ? Il ne peut pas mettre 55% des jeunes hommes de 18-19 ans en prison... On pourrait imaginer une stratégie de type Gandhi58, si on avait 55 % des gens avec nous. Si 55 % des gens refusaient de payer leurs impôts... Bref : une fois qu'on a convaincu une part suffisamment importante des gens à la cause, qu'ils s'organisent en parti et aillent voter ou qu'ils s'organisent en mouvement et fassent de l'opposition, il se peut bien que les deux attitudes aient le même succès.59

A relever également l'attitude très anti-abstentionniste des politiciens et des médias en général. Avant les élections fédérales suisse de 2003, on a pu par exemple lire des journaux d'habitude plus ou moins neutres dire ici clairement : « Allez voter! ». Il y a également des phrases qui donneront une forte envie de s'abstenir à tout anarchiste qui se respecte :

Ces quelque 8000 électrices et électeurs qui trouvent — ou retrouvent — ainsi le chemin des urnes à Genève flattent la démocratie. Ils conforteront la légitimité de celles et ceux qui seront élus.60

que faire ?

En fin de compte, l'acte de vote lui-même n'est pas si important que cela, ce qui est plus important, c'est la perception que chacun en a, c'est les actes, les arguments, les idées. Si quelqu'un veut voter pour le moindre mal, il s'agit de voir quel est le parti qui fera le moins reculer la liberté, ou, dans de rares cas, qui la fera avancer. Il faut être conscient que ce n'est que pour une question de stratégie, il faut garder à l'esprit l'acte de vote pour ce qu'il est, et donc refuser la propagande étatiste vantant l'acte citoyen et républicain, la fierté d'aller voter et d'accomplir son devoir pour la nation. Peut-il y avoir de la fierté à aller voter et accomplir son devoir de mouton qui choisit qui va le tondre ?

Pour ces questions de stategie, il n'y a pas de vérité unique, puisque la perception de ce qu'est le moindre mal est relative et dépend des préférences de chacun. Puisque il n'est pas possible de faire de comparaison interpersonnelle des utilités, il n'y a de manière objective de dire, par exemple, en quoi voler un riche serait moins grave que mettre une amende à un fumeur de joints, ou vice versa, et donc de conclure de manière démontrable et objective quel est le moins mauvais parti, pour tous. Un parti X xénophobe mais promettant des baisses d'impôts sera peut-être le moins mauvais pour A, qui est riche et « citoyen national », mais ne le sera pas du tout pour B, qui est pauvre et étranger. Le choix de A n'est pas plus ni moins justifié que le choix de B. Donc, quitte à voter, il n'y a pas, a priori, de choix plus condamnable qu'un autre, en particulier par exemple dans le contexte français où tous les partis sont étatistes et socialistes. Sans oublier que l'action des politiciens reste in fine toujours imprévisible, et que donc l'information sur le moins mauvais parti ne sera jamais parfaite, entièrement fiable.

Pour cette raison, un mouvement non-démocrate cherchant à faire avancer ses idées ne devrait pas faire de choix collectif en la matière.

Vote ou pas vote, de toute façon, le simple choix du « moindre mal » ne saurait être une stratégie sur le long terme. Sur le long terme, il faut avant tout que les mentalités évoluent, qu'une part importante des gens comprennent qu'ils n'ont aucun droit d'imposer leurs préférences aux autres, bref, qu'un paradigme libéral remplace le paradigme démocratique.


  1. Article commencé et écrit en bonne partie en été 2003, fini et réecrit en markup et typographie valides septembre 2004. Lire avec Firefox, IE n'affiche pas correctement les espaces fines insécables. Première publication sur Free Goat sous le titre La démocratie, ennemie du libéralisme. Titre actuel : Le paradigme démocratique.
  2. François Guillaumat emploie le mot dans un sens différent et tente de sauver le concept :

    une aspiration à la démocratie qui a compris qu'une condition nécessaire pour que « le peuple » se gouverne « lui-même », c'est que chacun fasse ce qu'il veut avec ce qui est à lui, le marché étant à ce titre cent mille fois plus démocratique que n'importe quel simulacre de « représentation » ; et que donner à une caste le pouvoir de dominer les autres contredit la définition même de la démocratie, en introduisant une opposition entre « le peuple » qui gouverne et « lui-même » qui subit ce gouvernement. (François Guillaumat, La rationalité comme seul critère de distinction entre les normes politiques)

    En effet, ce qui fonde et justifie la démocratie n'est qu'une conséquence de la propriété naturelle : si « les gens ont le Droit de décider de leurs propres affaires », seule définition non contradictoire du principe démocratique, c'est parce que « les gens ont le droit de faire ce qu'ils veulent avec ce qui est à eux » (seule définition non contradictoire de la propriété légitime). (François Guillaumat, Thèse de Doctorat, p.83)

    Le problème que je vois avec cette définition, c'est que c'est celle du libéralisme, alors que les deux sont généralement employés dans des sens bien distincts. Par ailleurs, « que chacun fasse ce qu'il veut avec ce qui est à lui » correspond bien au fait que chacun, et non le peuple, se gouverne lui-même. Le problème est ici que François Guillaumat emploie peuple dans un sens individualiste, défini donc comme « un ensemble d'individus » ; selon cette définition, si je dis que « le peuple est heureux », il faudrait comprendre que chaque individu composant le peuple est heureux, et non, comme c'est entendu usuellement, que « la plupart des gens du peuple sont heureux ». Au-délà de la question de l'usage, il y a celle de la pertinence : quelle peut donc être une définition individualiste cohérente de « peuple » ? Oui, bien sûr, « un ensemble d'individus », mais quel ensemble d'individus ? Si la notion de peuple est intrinsèquement collectiviste, dans un contexte normatif et non purement descriptif, peut-on l'employer dans un sens individualiste ?

    Voir également sur ce sujet, les réflexions de Ludwig von Mises, Human Action, chapitre XV :

    With every penny spent the consumers determine the direction of all production processes and the details of the organization of all business activities. This state of affairs has been described by calling the market a democracy in which every penny gives a right to cast a ballot. It would be more correct to say that a democratic Constitution is a scheme to assign to the citizens in the conduct of government the same supremacy the market economy gives them in their capacity as consumers. However, the comparison is imperfect. In the political democracy only the votes cast for the majority candidate or the majority plan are effective in shaping the course of affairs. The votes polled by the minority do not directly influence policies. But on the market no vote is cast in vain. Every penny spent has the power to work upon the production processes. The publishers cater not only to the majority by publishing detective stories, but also to the minority reading lyrical poetry and philosophical tracts. The bakeries bake bread not only for healthy people, but also for the sick on special diets. The decision of a consumer is carried into effect with the full momentum he gives it through his readiness to spend a definite amount of money.

  3. Les qualités souvent attribuées à tort aux régimes politiques démocratiques telles que respect des libertés individuelles, droits de l'homme, liberté d'expression, etc. sont des qualités qui découlent de l'aspect libéral des sociétés occidentales, pas de leur aspect démocratique. D'où d'ailleurs la notion de démocratie libérale.
  4. Dans une assemblée de co-propriétaires, il peut bien sûr y avoir des élections, ou un choix à la majorité, toutefois, la légitimité ce cette décision ne découle pas de la démocratie, mais du droit de propriété, puisque cette décision n'est valide que dans les limites du droit de propriété, i.e, d'une part, elle implique que les copropriétaires sont légitimement proprétaires de la copropritété, qu'ils ont consenti a priori au processus du vote, et que les décisions qu'ils peuvent prendre ne s'appliqueront que dans les limites de leur propriété, et respecteront donc le droit de propriété. Que le processus de décision choisi par des propriétaires légitimes soit le choix de la majorité ou la piloufacie, peu importe : il ne s'agit pas d'un processus politique puisqu'il se place dans le cadre de la propriété, dans le cadre du Droit, contrairement à la démocratie, qui prétend justement définir le Droit et se placer au-dessus du droit de propriété. Sur ce sujet, voir L'État, un syndic de copropriété ? de Mickaël Mithra :

    On entre librement dans une copropriété, comme on en sort librement. Cela signifie que les décisions prises en son sein, dès lors qu'elles respectent le règlement de copropriété librement accepté par les copropriétaires au moment de leur entrée, sont légitimes. La liberté d'association dont il est question ici n'est pas un vain mot ou une figure de rhétorique comme l'absurde « contrat social ». Entrer librement dans une copropriété, c'est agir consciemment dans le but d'acquérir une propriété, en acceptant du même coup un contrat avec des tiers (les copropriétaires). Naître en France (ou au Canada), devenir Français et être de ce fait soumis à des obligations, ce n'est ni agir consciemment, ni acquérir une propriété, ni signer un contrat avec qui que ce soit. Cela n'a tout simplement aucun rapport.

  5. Ce qui peut s'exprimer moins formellement par régime dans lequel les décisions sont prises à la majorité, régime où un gouvernement élu par la majorité prend les décisions ou régime où une majorité d'un parlement prend des décisions.
  6. Pour une définition plus générale du libéralisme, voir Qu'est-ce que le libéralisme
  7. Cette définition du droit correspond bien à un droit naturel, tel qu'exprimé par François-René Rideau :

    Ce que les libéraux appellent « droit naturel » est le corps des règles de conduite qui se déduisent des conditions de coopération à long terme entre individus d'une société, indépendamment des valeurs auxquelles ces individus adhèrent.

    On ne peut pas nier l'existence du droit naturel, sauf à prétendre que toutes les règles se valent quant à permettre la coopération, y compris des règles aussi absurdes que « nul ne marchera qu'à cloche-pied » et « deux individus ne pourront pas parler entre eux sans avoir préalablement tué un troisième ensemble ». On ne peut pas nier sa pertinence, sauf à prétendre que la coopération entre individus n'est pas pertinente, ce qui revient à nier et la nature sociale de l'homme, et tous les progrès de la civilisation, fruit de la coopération sociale. (Cette dernière attitude nihiliste est certes possible, mais auto-destructrice, et donc non pertinente sur le long terme ; d'ailleurs même les nihilistes affichés se comportent selon leur propre intérêt, et survivent non pas en autarcie, mais par la coopération sociale avec d'autres individus.)

    Autrement dit, le droit naturel consiste en l'étude rationnelle des règles de conduite. Nier la validité du droit naturel, c'est nier que la raison ait rien à dire quant à l'organisation sociale — c'est proclamer la loi totalitaire du plus fort comme unique source valable de toute norme sociale. Cette négation est du reste la prémisse du pouvoir politique législatif absolu qui règne dans les sociétés occidentales actuelles.

    Reste à établir les règles que contient ce droit naturel, et si ces règles suffisent ou non à fonder l'ensemble du droit, ou s'il est besoin de règles supplémentaires. Dans le dernier cas, il reste à établir si le droit naturel offre des normes quant aux moyens de déterminer ces règles supplémentaires. La tradition libérale offre des réponses à ces questions.

  8. Nous n'aborderons pas — ou tenterons de ne pas aborder — ici la question de savoir qui doit découvrir ce Droit.
  9. Pour une discussion plus approfondie de la distinction entre Droit et lois, voir Christian Michel : Doit-on obéir aux lois ?
  10. Pour que le Droit ait du sens, il faut qu'il soit indépendant de son application ou non-application. Si nul n'a le droit de tuer un innocent, ce n'est pas parce qu'un criminel tue des innocents qu'il en a le droit, le Droit détermine uniquement si son acte est juste ou injuste. Et surtout, si personne ne viole le Droit, tant mieux pour tous, pour le Droit, ça ne change rien. C'est tout le contraire des faux droits, les « droit à ». Le « droit à l'alimentation » par exemple : si tout le monde décide d'en profiter, il disparaît, puisque tout le monde tend la main et plus personne ne produit de la nourriture. C'est donc un droit inapplicable s'il est appliqué, autrement dit, un droit qu'il faudrait, selon certains, reconnaître, tout en disant aux gens de ne pas trop l'utiliser! Donc, pour que le Droit ait du sens, il faut qu'il soit indépendant des lois, indépendant de son application, non-contradictoire, universel.

    Alors que ces faux droits sont positifs, les vrais droits sont négatifs, voir par exemple cette définition très simple :

    Negative rights are rights from certain things, usually freedoms from abuse or coercion by others, as opposed to positive rights which are the rights or guarantees to certain things.

    Ou l'argumentation de Arthur Schopenhauer, dans Le Fondement de la morale, Première vertu : la justice (éditions poche p. 166-167) :

    L'injustice, ou l'injuste, consiste par suite à faire du tort à autrui. Donc la notion d'injustice est positive, et celle du juste, qui vient après, est négative, et s'applique seulement aux actes qu'on peut se permettre sans faire tort aux autres, sans leur faire injustice. [...] Déjà, on voit assez combien la notion de droit est négative, et celle de tort, qui lui fait pendant, positive, par l'explication que donne de cette notion Hugo Grotius, le père de la philosophie du droit, au début de son ouvrage : « [...] Le mot droit ici signifie simplement ce qui est juste, et a un sens plutôt négatif que positif : en sorte que le droit, c'est ce qui n'est pas injuste. » Une autre preuve du caractère négatif qui, malgré l'apparence, est celui de la justice, c'est cette définition triviale : « Donner à chacun ce qui lui appartient. » Si cela lui appartient, on n'a pas besoin de le lui donner ; le sens est donc : « Ne prendre à personne ce qui lui appartient.  » — La justice ne commandant rien que de négatif, on peut l'imposer : tous en effet peuvent également pratiquer le « neminem lœde ».

  11. Quoi, vous trouvez que deux options c'est pas assez ? C'est pourtant bien souvent le cas en démocratie : Oui ou non ; Bush ou Kerry, etc. Pas de place pour le mu ou le Badnarik. Et ne pensez même pas à aller chez KFC, ce serait gâcher votre vote!
  12. Ce qui, malheureusement pour les contribuables français, n'est pas le cas.
  13. Benjamin Franklin. Voir aussi Lysander Spooner, No Treason :

    two men have no more natural right to exercise any kind of authority over one, than one has to exercise the same authority over two. A man's natural rights are his own, against the whole world; and any infringement of them is equally a crime, whether committed by one man, or by millions; whether committed by one man, calling himself a robber, (or by any other name indicating his true character,) or by millions, calling themselves a government. [...]

    Majorities, as such, afford no guarantees for justice. They are men of the same nature as minorities. They have the same passions for fame, power, and money, as minorities; and are liable and likely to be equally --- perhaps more than equally, because more boldly --- rapacious, tyrannical and unprincipled, if intrusted with power. There is no more reason, then, why a man should either sustain, or submit to, the rule of the majority, than of a minority. Majorities and minorities cannot rightfully be taken at all into account in deciding questions of justice.

  14. Robert Nozick, Anarchie, État et utopie.
  15. Magie noire plus précisément.
  16. Pour des critiques générales de la démocratie, voir également :
    Hans-Hermann Hoppe : Democracy—The God That Failed,
    Hans-Hermann Hoppe : Down With Democracy,
    Martin Masse : La démocratie contre la liberté,
    Christian Michel : Pourquoi je ne suis pas démocrate,
    H. L. Mencken : Last Words.
  17. Par ailleurs, une fois que j'ai voté, je ne suis plus autorisé à revoter. L'usage du droit dépend donc de son application. Imaginez qu'une fois que vous ne vous soyez pas fait agresser, vous perdiez votre droit de ne pas subir d'agression pour les quatre ans à venir... Absurde, non ? Encore une fois, il faut préciser qu'il est parfaitement concevable d'employer le mot droit dans un sens sans rapport avec le Droit, par exemple dans le cadre d'un « droit de vote » dans une assemblée d'actionnaires. La différence est que, dans le cadre d'une assemblée d'actionnaire, il est bien clair que ce droit de vote ne prétend pas avoir de rapport avec le Droit : l'assemblée d'actionnaires de prétend pas édicter de règle normative et impérative sur qui est juste ou injuste.
  18. Si l'on considère le vote comme une procédure d'agrégation des choix individuels en choix collectifs, voir M. Mithra, Le théorème d'Arrow, ou la démocratie contre la raison ainsi que Ralph, Critique de la démocratie
  19. John Locke, A treatise concerning civil government
  20. Lysander Spooner, Against Woman Suffrage.
  21. Sur ce sujet, voir aussi l'avis d'une victime.
  22. Wendy McElroy, Why I Would Not Vote Against Hitler
  23. Ou comment l'ignorance devient rationnelle.
  24. Sauf si vous êtes belge et risquez une amende en cas d'abstention pure et simple.
  25. Ce que justement il ne faut pas accepter! Voir Karl Hess, The Death of Politics
  26. Référence bien sûr à Iznogoud, qui cherche à devenir calife à la place du calife.
  27. Professor Frank H. Knight in the Journal of Political Economy, December 1938, p.869, cité par F. A. Hayek, The Road to Serfdom, ch. 10. Tout le chapitre, intitulé « Why the Worst Get on Top », traite de cette problématique. Hayek applique le raisonnement à une société totalitaire, mais il est également parfaitement valable pour la démocratie. Le processus démocratique sélectionnera les candidats les plus démagogues, ceux qui savent le mieux mentir, ceux qui promettent le plus. De même, une fois qu'ils seront élus, le système démocratique encouragera la corruption, le népotisme et l'irresponsabilité. Pour des cas pratiques, voir par exemple Impasse Sud : Jouer à la démocratie
  28. Hans Hermann Hoppe, Democracy—The God That Failed, chapitre III, p.88-89.
  29. The information you have is not the information you want.
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    The information you can obtain costs more than you want to pay.
    Finagle's Laws of Information
  30. Si le problème peut sembler plus simple pour le cas des votations (référendums) suisses, ce n'est en tout cas pas tout à fait vrai pour tous les objets de votation. En effet, si le sujet est flou ou complexe, il faut aussi rechercher de l'information. De plus, il y a le problème de l'interprétation des résultats : en votant oui à la réforme Armée XXI par exemple, qu'est-ce que ça veut dire exactement ? Que je vote oui au maintien d'une armée en très grande partie basée sur l'esclavage, ou que je vote oui à une professionnalisation plus grande (les deux sont vrais) ? Est-ce que je vote oui à l'armée et à sa modernisation, ou est-ce que je vote oui à une armée moins mauvais malgré tout ? Un autre exemple bien savoureux : l'initative de l'UDC « l'or à l'AVS ». L'AVS est un système de retraite par répartition, l'un des trois pilliers du système de retraite suisse. L'AVS est donc un système socialiste, et qui donc bien entendu ne fonctionne pas : l'AVS est en manque chronique de fonds. Bien. La BNS, banque centrale suisse, s'est retrouvée — étrangement — avec un « excédent » d'or. Grand débat pour savoir quoi en faire. Finalement, deux propositions ont été soumises au peuple : l'initative qui prévoyait le versement de cet or à l'AVS, et le contre-projet du gouvernement qui prévoyait de le répartir à parts égale entre la « Fondation Suisse solidaire », l'AVS, et les cantons. La fondation aurait été une obscure bureaucratie répartissant arbitrairement l'argent sous la direction d'une commission, autrement dit du socialisme. L'AVS est certes socialiste également, mais elle n'est pas prête de disparaître. Il est donc très probable que l'État trouvera, d'une manière ou d'une autre, l'argent pour la financer. Il ne s'en est même pas caché : la TVA va augmenter. Donc, faut-il soutenir une œuvre socialiste en préférant lui verser cet or plutôt que de voir ses impôts augmenter ? Autrement dit, doit-il soutenir un mal dans l'espoir d'éviter un plus grand mal ?
  31. As all voting is secret (by secret ballot), and as all secret governments are necessarily only secret bands of robbers, tyrants, and murderers, the general fact that our government is practically carried on by means of such voting, only proves that there is among us a secret band of robbers, tyrants, and murderers, whose purpose is to rob, enslave, and, so far as necessary to accomplish their purposes, murder, the rest of the people.

    Lysander Spooner, No Treason.

  32. Lysander Spooner, Against Woman Suffrage
  33. Emma Goldman, Woman Suffrage
  34. Un raisonnement similaire s'applique d'ailleurs aux impôts. Les impôts sont une forme de vol. Si un cambrioleur vient dans mon immeuble, me cambriole, mais oublie mon voisin, que vais-je faire ? Poursuivre le cambrioleur, tenter de récupèrer mes biens et appeler les flics, ou bien lui dire « pardon monsieur, vous avez oublié mon voisin » ?

    Donc, si il y a un impôt inégal, par exemple qui taxe les riches et non les pauvres ou le contraire, la stratégie libérale doit toujours aller vers moins de crime, plus de liberté (voir à ce sujet, Murray Rothbard, For A New Liberty, A Strategy for Liberty), et donc, si les pauvres sont taxés et non les riches, le libéral doit se battre pour abolir l'impôt des pauvres, pas pour instituer un impôt pour les riches! Dans le cas contraire, sous prétexte d'une mythique égalité ou d'un espoir irréaliste de voir baisser les impôts des uns si l'on taxe les autres, nous nous rendrions coupables de soutenir un crime, le vol en l'occurence, en voulant l'imposer à de nouvelles victimes.

  35. Sur le droit de vote des femmes :

    Les hommes ont voté contre la loi anti-raciste, les femmes pour.

    Le pourcentage de OUI des femmes était de 17 pour cent supérieur à celui des hommes et l'on doit même admettre que les hommes ont, en majorité, refusé ce projet.

    source : Vox

    Les femmes votent plus à gauche que les hommes. Pas moins de 44 des 50 députées du Conseil national soutiennent une politique à gauche de la médiane de la chambre.

    source : ParlaRating/Swissinfo

    voir aussi ces données sur la France

  36. Nous appelons ainsi le groupe d'individus englobé dans une zone électorale, i.e., un ensemble d'électeurs qui votent sur un même sujet, ou participent à une même élection. Nous pourrions également parler de « zone de démocratie ».
  37. Encore une fois, en démontant le sophisme ad hoc sous-tendant le collectivisme on s'aperçoit qu'il n'y a aucune raison de considérer que leur collectivité est la bonne pour prendre la moindre décision particulière. Pourquoi pas une collectivité plus grande, plus petite ou différente ? Il n'y a évidemment pas d'État à l'échelle de l'univers entier, et cependant les humains arrivent à se coordonner principalement sans guerres et conflits. Des gens se livrent paisiblement au commerce et au tourisme internationaux sans besoin d'un État international commun pour les coordonner. Si le comportement politique a aucun rôle en la matière, c'est de causer les guerres et les conflits lors que le comportement économique amène paix et coopération. La solution correcte au problème de déterminer la forme et la taille des collectivités est la forme et la taille résultant de la libre adhésion des participants — et de telles collectivités n'ont aucun raison particulière d'être territoriales (bien que la proximité physique entre les gens doive bien jouer un rôle pour les aider à se coordonner, rôle qui va diminuant avec le développement des moyens de télécommunication).

    François-René Rideau, L'État, Règne de la Magie Noire
  38. Ludwig Von Mises, Liberalism, chapitre III
  39. Friedrich A. Hayek, Constitution de la Liberté (édition LITEC, 1993, pp 102-104).
  40. L'exemple du canton de Neuchâtel en Suisse :
    2001 : droit de vote, mais pas d'éligibilité au niveau cantonal.
    2004 : initiative de la gauche pour ajouter le droit d'éligibilité au droit de vote :

    L'initiative populaire cantonale favorable au droit d'éligibilité des étrangers à Neuchâtel a abouti

    TdG du 07.02.2004

    pour les initiants, l'octroi du droit d'éligibilité aux immigrés s'inscrit dans une continuité logique

    En effet.

    la perspective d'une consultation populaire n'inquiète pas plus que ça les initiants. Car, contrairement à 1990, annéee où les Neuchâtelois avaient refusé d'octroyer l'éligibilité communale aux étrangers porteurs d'un permis C, les immigrés possédent désormais un atout de taille : le droit de vote. Comme ils sont 22'000 à en bénéficier (soit environ 11% du corps électoral), ils pourraient faire pencher la balance dans le camp du oui en cas de forte mobilisation.

    Le Temps du 21.01.2004

  41. Sur le cas de la Belgique, la petite subtilité supplémentaire est que les étrangers ont le « droit » de vote, alors que les belges ont le « devoir » de vote, eh oui, « des citoyens de seconde zone dans leur propre pays ». Voir à ce sujet Entrez Libres : C'est comme vous voulez, Entrez Libres : Nationalité et Nationalisme.
  42. Come to America illegally -- and then automatically get to make its laws, and govern legal citizens. That's what a UCLA Chicano Studies Research Center study seems to suggest (thanks to reader John Wolfington for the pointer). The study repeatedly talks about how all residents should be allowed vote, and draws no distinction between illegal aliens and legal permanent residents. As best I can understand its logic, a person who illegally enters a country today should be free to vote tomorrow -- which is to say be able to legally coerce (because that's what lawmaking is ultimately often all about) you and me tomorrow.

    Eugene Volokh, 12/17/2003 06:34:45 AM

  43. Exemple récent. Le sinistre Moutinot (PS), conseiller d'Etat chargé de l'amènagement du territoire depuis une dizaine d'années, donc qui n'est certainement pas responsable de la crise du logement qui sévit à Genève, s'imagine, socialisme oblige, règler ladite crise, non pas par une abolition des zoning laws socialo-agrariennes qui l'ont provoquée, mais par la construction de « logements sociaux », i.e., des beaux immeubles en béton comme tout le monde rêve d'y habiter (qui a dit que la gauche était idéaliste ?). Il a donc prévu d'en faire construire dans une des zones résidentielles chic du canton, à Cologny. Le maire de Cologny s'y est bien entendu opposé, ainsi que, en votation communale, 89,8% des habitants de la commune. La réponse de Moutinot se résume en gros à : « Rien à foutre. Moi je suis élu par les pauvres, et donc si je peux leur faire plaisir en leur promettant des HLM et en plus faire chier aux sales bourges qui habitent dans ce quartier, tant mieux ».

    On voit ici clairement l'opposition qu'il peut y avoir entre plusieurs niveaux de démocratie. Qui est plus concerné par ce qui se passe dans cette commune, ceux qui y habitent, où les électeurs de l'autre bout du canton ? Pourtant, structure interne centralisatrice de la démocratie oblige, c'est bien sûr plus souvent la démocratie d'au-dessus, donc celle qui est d'autant moins légitime qu'elle est plus large, qui aura le dessus. Le principe de subsidiarité tend à disparaître au profit d'une centralisation du pouvoir.

  44. Sur l'État mondial, lire Marc Grunert : En route pour le gouvernement mondial, Marc Grunert : Réchauffement de la planète : un autre exemple de constructivisme mondial
  45. Hans-Hermann Hoppe, Democracy—The God That Failed, chapitre XII : On Government and the Private Production of Defense, p. 241.
  46. Voir les données de Hans-Hermann Hoppe, ibid., chapitre IV, p. 96, footnote 3. Il faut toutefois relever que cet effet n'est pas forcément durable, et qu'au bout d'un certain temps les électeurs cessent d'être « reconnaissants » envers ceux qui leur ont permis de voter, comme semblent l'indiquer ces données pour la Suisse :
    formationUDCPS
    faible 43% 18%
    moyenne 30% 23 %
    élevée 19% 27%
    revenu en CHF/mois
    moins de 3k37%12%
    3k-5k 26% 26%
    5k-7k 28% 23%
    7k-9k 20% 26%
    plus de 9k 22% 29%
    rappel score aux élections 26.6% 23.3%

    source : TdG/GfS à préciser que la Tribune admettait que cette étude souffre de faiblesses methodologiques, la marge d'erreur etant de ~10% (!) pour certaines catégories, à prendre avec des pincettes donc. Il est toutefois généralement admis que c'est bien la classe moyenne qui vote pour le PS.

  47. Par exemple, la tendance des membres du comité de l'initiative « j'y vis j'y vote » va de la gauche à la gauche. Le collectivisme démocratique de leurs propositions est clairement visible :

    Etendre l'exercice des droits politiques communaux aux résidents étrangers qui vivent en Suisse depuis au moins huit ans, c'est encourager la participation de tous les habitants à la vie de la cité.

    Superbe phrase. Implique-t-elle que, par exemple, étendre le « droit » de vote aux résidents étrangers qui vivent en Suisse depuis au moins six ans ne serait pas encourager la participation des habitants ? Par ailleurs, il y a une contradiction évidente entre Suisses et résidants étrangers qui vivent en Suisse depuis au moins huit ans et tous les habitants.

    Une citoyenneté active

    La citoyenneté n'est pas un état passif déterminé par la simple possession d'un passeport : elle concrétise une démarche personnelle active en faveur de la collectivité. Au niveau local, c'est l'engagement de tous les résidents, qu'ils soient Suisses ou non, qui anime la vie associative, culturelle, sportive ou artistique de la commune.

    Toujours le même discours blabla-collectiviste sur la « citoyenneté », particulièrement à la mode chez la gauche.

    Un partage des responsabilités

    Les résidents étrangers représentent à Genève près de 40% de la population et plus de 50% des personnes actives. La grande majorité d'entre eux sont européens,

    Haha. Traduction : rassurez-vous, c'est des blancs. Drôle d'esprit d'ouverture tout de même.

    vivent et payent des impôts en Suisse depuis de nombreuses années.

    Vous vous faites racketter depuis de nombreuses années ? Allez, vous avez bien mérité de pouvoir élire vous aussi vos racketteurs!

    Il est dès lors normal que, pour des questions touchant à l'aménagement concret du cadre de vie de sa commune, sa village ou son quartier, chacun puisse prendre part au débat et, indépendamment de son passeport, partager la responsabilité des décisions que prend la collectivité locale.

    Partager la responsabilité ? Ils se moquent de qui là ? Et si je ne veux pas « partager la responsabilité » du socialisme de « mes » dirigeants ? Comment peuvent-ils prétendre à une quelconque compatibilité entre démocratie et responsabilité ? La responsabilité, c'est que chacun prend les décisions le concernant, et en assume les conséquences, i.e, en est responsable. La démocratie, c'est que chacun prend les décisions pour les autres, et n'en subit pas les conséquences, i.e, n'en est pas responsable.

    Au niveau communal, tout le monde a les mêmes devoirs, il est donc logique que tout le monde ait les mêmes droits.

    Que tout le monde ait les mêmes droits ? Eh bien pourquoi ne pas commencer par mettre en prison les policiers de la brigade des stups pour trafic de drogue, dès le moment où ils ont confisqué de la drogue à un dealer, et ont donc également de la drogue illégale sur eux ? Ou mettre en prison les employés du fisc pour vol ? Ces braves gens confondent allégrement l'égalité en droits, à laquelle ils sont de fait opposés, et l'égalité en possibilité de pouvoir (tout le monde peut devenir un dictateur-élu et ensuite ne plus avoir les mêmes « droits ») que les autres.

    Suite à l'introduction du « droit » de vote pour les étrangers au niveau communal dans le canton de Vaud, Mise au Point est allé voir comment les partis tentaient de s'attirer les nouveaux électeurs des communes vaudoises. Affligeant. Entre ceux qui leur expliquaient gentiment avec des dessins comment voter, eh oui, certains parlaient à peine français, « vous mettez le bulletin dans l'enveloppe. Vous fermez l'enveloppe », à la limite d'ajouter « vous mettez une croix à côté de PS », et l'une des cheffes des cocos (POP), par ailleurs présidente d'une obscure commission intégration-je-sais-plus-quoi, qui se réjouissait de « plus de démocratie », et tentait bien sûr d'attirer les nouveaux électeurs vers son parti... Les partis de droite aussi, ne voulant pas trop perdre de plumes dans la nouvelle donne, prévoient d'envoyer des lettres aux nouveaux électeurs, voire même de leur téléphoner. Et le PS d'éspérer un bon coup de pub en étant le premier parti à présenter un étranger pour un éxecutif. Bref, chacun cherche son étranger.

  48. Citation de Thucydide, historien du Ve siècle avant J.-C., au tout début du pavé du projet de Constitution européenne, qui a fait dire à Alain Madelin que ce projet ne mérite même pas le titre de Constitution.
  49. Par ailleurs, une Constitution, bien entendu, n'a une quelconque valeur juridique que pour ceux qui l'ont signée ou approuvée explicitement, lire à ce sujet : Lysander Spooner, No Treason, No VI, The Constitution of No Authority :

    The Constitution has no inherent authority or obligation. It has no authority or obligation at all, unless as a contract between man and man. And it does not so much as even purport to be a contract between persons now existing. It purports, at most, to be only a contract between persons living eighty years ago. And it can be supposed to have been a contract then only between persons who had already come to years of discretion, so as to be competent to make reasonable and obligatory contracts. Furthermore, we know, historically, that only a small portion even of the people then existing were consulted on the subject, or asked, or permitted to express either their consent or dissent in any formal manner. Those persons, if any, who did give their consent formally, are all dead now.

    De plus, qu'est-ce qui nous garantit que l'État respectera sa Constitution ? Par exemple, la Constitution suisse se contredit elle-même, notamment en affirmant l'égalité hommes-femmes dans un article et instaurant la conscription pour les hommes uniquement dans un autre! Et il faut bien voir que l'Etat n'en a strictement rien à faire de la Constitution. Bref, une Constitution est comme un contrat que non seulement personne n'aurait signé, mais qu'en plus personne n'appliquerait, par lequel personne ne se sentirait effectivement lié.

  50. Ces arguments sont repris de Hans-Hermann Hoppe, Democracy—The God That Failed.
  51. Les classes ne disparaissent pas pour autant en démocratie, elles sont juste moins visibles. Voir à ce sujet Hans-Hermann Hoppe, Marxist and Austrian Class Analysis.
  52. Hans-Hermann Hoppe, Democracy—The God That Failed, chapitre I, p.36.
  53. D'où le bon vieux absurdisme de John Maynard Keynes : « We owe it to ourselves. »
  54. Pour une discussion plus approfondie des principes abstentionnistes, voir :Why I Don't Vote, Nonvoters Party, Non-Voting Archive, Marc Grunert : Abstentionnistes, levez-vous!
  55. Voir la National Platform of the Libertarian Party. Voir aussi d'autres partis libéraux : Guns and Dope Party, Capitalism Party.
  56. JESUP, Iowa Mar 3, 2005 — If no one votes in a referendum, does the measure pass or fail ? That was the question facing local officials after no one voted in Tuesday's local option sales tax election in Jesup. A small part of the town is in Black Hawk County. The rest is in Buchanan County.Voters everywhere else in Black Hawk County voted to extend the tax another five years.But in Jesup, officials were wondering if it passed or failed since none of the 27 registered votes who live on the Black Hawk County side voted.Phyllis Peters, a spokeswoman for the Iowa Secretary of State's Office, said Wednesday the measure failed. "Unless there are more votes for 'yes' than 'no', it's doesn't pass," Peters said.

    ABC News/AP, 03.03.2005

  57. Voir Etienne de La Boétie, Discours de la Servitude volontaire
  58. Nous parlons de la résistance non violente, mais qu'en est-il d'autres formes de résistance ?

    Le refus de la sanction de la victime : La stratégie de Hank Rearden dans Atlas Shrugged de Ayn Rand. Elle consiste, d'une part, à refuser toute caution aux actes des agresseurs de l'État, et d'autre part, à forcer les hommes de l'État à révéler leur vraie nature en ne leur offrant aucune aide dans leur agression, i.e. ne pas payer les impôts de plein gré, ne se faire arrêter ou mettre en prison que sous la menace directe, ne rien signer, etc. Efficacité stratégique ? Pas encore suffisamment testée. Bien entendu, serait très efficace si pratiquée à grande échelle.

    L'action directe : Du point de vue du Droit, la légitime défense contre la violence politique est votre droit le plus strict. Refuser de payer des impôts, ignorer les lois, ou même vous défendre contre la police ou l'armée, tout ceci vous en avez le droit. Mais en avez-vous la possibilité ? Et surtout, est-ce une bonne stratégie ? L'action directe peut avoir des conséquences désastreuses et contre-productives, pour ne citer qu'un exemple, les attentats anarchistes et les lois scélérates qui les ont suivies. Il est probable que toute résistance violente à l'État ne ferait que renforcer son appareil de répression. Voir à ce sujet : Jim Bell's AP, et la discussion des AP sur ASC.

  59. Il y a également la possibilité de voter avec ses pieds, partir dans le pays le plus libéral. La question étant, lequel est-ce ? Alternativement, partir en masse dans un pays où une région et la rendre ainsi majoritairement libérale. Ou encore, faire sécession. Sur ces stratégies, voir : Hans-Hermann Hoppe : Democracy The God That Failed, On centralization and Secession, Secession.net, FSP, EFSP, NSP, Hogeye Bill, New Utopia, Island One, Oceania, Vote With Your Feet, Freedom Ship.
  60. Tribune de Genève.