L'inquiétante Tribune
La Suisse de 2007, c'est un peu comme l'Allemagne de 1932. La Peste Brune se répand : des hordes de SA, tout droit sorties du décidément très fécond ventre de la Bête Immonde, terrorisent la population au point que les gens osent à peine sortir de chez eux.
Le seul espoir, tout le monde le sait, serait d'exclure — enfin — l'infâme Christoph Blocher du Conseil fédéral (après tout c'est de sa faute) et donner les pleins pouvoirs (ainsi que quelques superpouvoirs) à Micheline Calmy-Rey.
Mais il y a une différence-clé, tout de même : l'Allemagne, elle, n'avait pas la Tribune, qui heureusement, est aujourd'hui là pour nous sauver.
J'exagère ? À peine.
L'article de hier de la Tribune de Genève est un example particulièrement frappant de la stratégie désormais bien rôdée visant à :
- Dénoncer « l'extrémisme » plutôt que les agressions pour ce qu'elles sont - des agressions, ni plus ni moins.
- Associer le terme « extrême-droite » à des actes de violence.
- Pour ensuite pouvoir stigmatiser par ce même terme des partis comme l'UDC, alors qu'ils ne commettent pas d'actes de violence.
Un fait divers banal, l'agression de 3 personnes par 8 personnes, devient ainsi l'occasion pour la Tribune d'en faire sa une, son édito, et une pleine page en page 3, avec comme grand titre, « De jeunes néonazis sévissent à Genève ».
Évidemment, leur cupabilité n'est pas sujet à débat. La présomption d'innocence, c'est bien connu, les journalistes la connaissent que lorsque méchant Blocher dit « criminels » au lieu de « criminels présumés ».
L'agression devait sans doute être d'une rare violence, pour justifier une telle couverture médiatique :
L’une des victimes [...] est blessée au visage. Elle est soignée sur les lieux de l’incident par une équipe de secours. Les deux autres s’en sortent sans problème physique.
Et bien sûr, tous les prétextes sont bons pour chercher des pixels méchants sur les portables des gens :
Le butin fait froid dans le dos: des photos à caractère néonazi prolifèrent dans leurs téléphones portables.
Et tous les prétextes sont bons, également, pour aller fouiller au domicile privé des gens, accusés pourtant d'une agression à mains nues (!) :
La police a saisi un arsenal inquiétant. Parmi des drapeaux à croix gammée et des portraits d’Adolph [sic !] Hitler, on découvre des couteaux, matraques, battes de base-ball et un fusil à pompe fictif.
Autrement dit, pas grand chose voire strictement rien d'illégal (le couteau semble un spyderco, interdit de port mais non d'acquisition, la matraque téléscopique est interdite d'acquisition mais non de possession, bien sûr), et j'ai un peu de peine à voir en quoi ce serait un « arsenal inquiétant » et « une impressionnante collection d’armes ». (Pour un peu qu'Hitler aurait gagné la guerre s'il avait eu l'équipement de ces jeunes). Sans doute les portraits d'Adolf sont-ils très tranchants sur les bords ? Et tout ceci dans un pays où, par ailleurs, tout le monde a (ce qui est une bonne chose de mon point de vue mais là n'est pas la question) des armes à feu chez lui.
Et donc, quelle était la justification de cette fouille ? Pour savoir la gravité de l'acte ? Sans doute pour corriger le fait que les agresseurs n'aient pas laissé le temps à leur victime de leur demander « Euh, attendez les mecs, juste une question avant que vous me frappiez, vous avez des portraits de Hitler chez vous ? C'est juste pour savoir si je dois avoir mal ou très mal ».
Ça c'était pour « l'info ». Évidemment, un tel évènement nécessitait un édito « L'extrémisme à l'ombre du laxisme ». Laxisme envers qui ? C'est vrai que la police ne les a pas arrêtés, n'a pas été fouiller chez eux, et qu'ils ne seront certainement pas condamnés...
Plus qu’un coup de semonce, un électrochoc. L’arrestation de huit extrémistes de droite rappelle aux Genevois que le canton n’est pas épargné par la peste brune.
Quand je vous disais que j'exagérais à peine.
Vu les succès à l'étranger de ce genre de pratiques, l'édto exige, outre de la répression, l'infiltration des mouvements identitaires. (Notons au passage que pour la Tribune, extrémisme=extrême-droite=néo-nazi=identitaire.)
Or, que nous apprend, dans l'article (version papier), le porte-parole de la police ?
Un tel cas d'agression raciste est rare à Genève[...] ces huit jeunes ne font certainement pas partie d'un réseau. Il s'agit pluôt d'une bande d'amis de la même mouvance
Et évidemment, tout cela ne serait pas complet sans qu'un spécialiste mentionne l'UDC, dont la propagande « peut favoriser le passage à l'acte ». Et voilà. Mission accomplie.
Par Turion, sous Propaganda, le 2007-08-12