Bonne nouvelle ?
Après on va encore s'étonner que j'aime pas la politique et la démocratie. Me voilà obligé de penser stratégie, de comparer deux moindres maux, bref, de faire une comparaison d'utilité interpersonnelle, économiquement absurde, ou plutôt, de se poser la question : comment me faire le moins enculer possible par l'agression politique généralisée. Voilà à quoi nous mène la politique démocratique.
La libre-circulation des personnes des nouveaux pays membres est, bien sûr, liée à celle des anciens. En effet, l'UE a rappellé qu'elle ne saurait tolérer une telle discrimination entre ses citoyens. Et sur ce point-là, elle aurait bien sûr raison : le racisme d'État (parfois appelé également apartheid ou soft-apartheid selon les cas) est inacceptable.
Bon. La libre-circulation des personnes, c'est à dire la liberté d'embaucher qui je veux - pour autant qu'il veuille travailler pour moi - et celle de travailler pour qui je veux - pour autant qu'il veuille m'embaucher - , il va sans dire qu'a priori j'y serais favorable. Sauf que, sauf que, il semblerait que l'UE, pour des raisons pour le moins mystérieuses, ait décidé de la lier également à l'application de la participation suisse à Schengen :
Schengen/Dublin : l'accord annulé en cas de "non" en septembre BRUXELLES - L'accord de Schengen/Dublin n'entrera pas en vigueur si les Suisses refusent l'extension de la libre circulation des personnes, a prévenu la commissaire aux relations extérieures de l'UE. Les Helvètes doivent se prononcer sur ce sujet en septembre.
Recevant des journalistes suisses au lendemain du "oui" au référendum, Benita Ferrero-Waldner a clarifié l'enjeu du scrutin du 25 septembre. "Pour l'entrée en vigueur de Schengen/Dublin, c'est nécessaire que tous les 25 (Etats membres) aient le droit d'être traités d'une façon égalitaire".
"Et si ce n'était pas le cas, on devrait poser ce problème sur la table et ça (Schengen/Dublin) ne pourrait pas entrer en vigueur", a déclaré la commissaire autrichienne. "Nous avons le principe d'égalité des Etats membres", a-t-elle souligné à plusieurs reprises.
L'extension de la libre circulation des personnes aux dix nouveaux Etats membres de l'Union européenne est une adaptation d'un des accords formant le premier paquet conclu entre la Suisse et l'Union européenne. Ils sont liés entre eux par une clause guillotine : si l'un d'entre eux tombe, il rend les autres caduc.
La Commission européenne établit cependant pour la première fois officiellement une relation entre la libre circulation des personnes et Schengen/Dublin qui fait partie du deuxième paquet d'accords. S'il n'y a pas de lien juridique, un lien politique est fait entre les deux dossiers, avait déjà reconnu dimanche soir l'ambassadeur de Suisse auprès de l'UE, Bernhard Marfurt. (Le Matin)
C'est donc une bonne nouvelle - encore un espoir d'échapper à Schengen - mais une bonne nouvelle au goût amer. Bien sûr, ce sera une bonne nouvelle pure si l'extension allait être refusée de toute façon. Mais si elle est refusée en partie pour cette raison-là, est-ce une bonne raison ? Quelle position prendre à ce propos ? Me voilà donc à souhaiter le refus d'un accord libéral, si ce refus entraîne la non-application d'un accord illibéral. Oui la politique est kich. C'est dans ces moments-là qu'on se dit qu'on a raison d'être abstentionniste plutôt que bon citoyen.
UPDATE : et faudra-t-il dire merci à l'UDC (pas toute) et aux syndicalistes (pas tous non plus) si c'est grâce à une argumentation de type salzétrangers qui viennent voler le travail des suisses qu'ils nous sauvent de Schengen ?
Par Turion, sous Suisse, Démocratie, le 2005-06-06