Foutage de gueule, encore et toujours
C'est comme ça à chaque votation. "On" attend toujours le lendemain pour nous révéler certaines infos intéressantes. Ou se poser des questions. Ou divulguer quelque chose qui aurait pu changer l'avis de certaines personnes.
Il y a une série d'exemples dont je me rappelle plus assez bien, et qui étaient ptêtre le fruit du hasard. Des trucs du genre des statistiques sur les étrangers qui sortent un peu après un vote sur la question, ou des scandales à l'ONU qui éclantent un peu après que la Suisse ait "enfin rejoint le concert des nations".
D'autres exemples, par contre, j'ai noté (eh oui j'ai deli maintenant) :
Les commissaires suisses à la protection des données s'inquiètent de la prochaine entrée de la Suisse dans le «système d'information de Schengen deuxième génération» (SIS II). Ils craignent des dérives. (TSR, le 11.10.2006)
Et, aujourd'hui :
Au lendemain du «oui» suisse au milliard de cohésion, la Commission européenne n'a pas l'intention de lâcher la pression sur la fiscalité des cantons. Elle va envoyer un document ferme sur la question aux Etats membres de l'UE.
Et, évidemment :
Devant la presse à Bruxelles, Eneko Landaburu, le directeur général pour les relations extérieures de la Commission, a confirmé que la Commission considère que la Suisse devra apporter une contribution financière à la suite de l'adhésion à l'UE de la Bulgarie et de la Roumanie prévue en janvier 2007. (TSR, 27.11.2006)
Alors bien sûr, ces deux votations avaient la particularité d'être particulièrement foutage de gueule à la base :
Schengen, une demande de "la Suisse", alors que ses habitants y perdaient leurs libertés (et qu'un éventuel accès de la Suisse au SIS était dans l'intérêt tant de "la Suisse" que de l'UE).
Pour ce qui est du millard, négocié en même temps que Schengen, il pouvait d'abord être soupçonné d'être "le prix à payer" pour se faire enculer par Schengen. Le Conseil fédéral a bien insisté à l'époque que non, que c'était pas un "tribut". Pour preuve, il n'a pas été voté en même temps.
Finalement, le CF l'a vendu comme une contrepartie à l'extension de la libre circulation des personnes, ce qui est évidemment encore plus absurde : tant les Européens que les Suisses y gagnent, et en fait, généralement, les pauvres ont plus à gagner que les riches à un échange. L'autre argument foutage de gueule, c'était évidemment de prétendre à la fois que le milliard était une question de "solidarité" et un "investissement". Qu'il fallait donc à la fois le faire pour être gentil (c'est toujours bien d'être gentil avec de l'argent volé), et le faire comme un investissement rationnel... Dont on ne connaîtra pas le rendement, bien sûr.
Le foutage de gueule ultime, c'était évidemment de prétendre que ce milliard ne coûterait "pas un franc de plus au contribuable". Oh bien sûr, il y a une part qui venait de fonds déjà alloués à l'aide. Au lieu d'aider les gens selon les besoins les plus urgents, on va simplement le faire selon ce que kiffent les eurocrates. Normal. Mais, si yavait que ça, y aurait pas eu besoin de voter. Et le reste du fric ? Ah, ben, il faut savoir qu'il ya justement une somme exactement égale à cette part, qui traîne dans les caisses de la confédération, et qui, si elle n'avait pas été affectée au milliard, aurait, heu... On l'aurait jetée à la poubelle quoi ! C'aurait été du gâchis, non ?
Bref le degré de foutage de gueule que "les gens" (du moins la moitié de la moitié des Suisses, ceux qui ont voté et ont voté bêeee Ja) sont prêts à accepter est assez phénoménal.
(Il y aurait aussi sans doute de quoi dire à propos du foutage de gueule consistant à croire que c'est en taxant "les familles" pour redonner "aux familles" qu'on va les enrichir, mais bon, j'peux pas parler de tout, n'est-ce pas.)
Par Turion, sous Zéropa / URSE, Propaganda, le 2006-11-27