Interview d'un malade
Dans le domaine de la santé, la folie continue. La situation de la France est catastrophique*, mais il ne faut pas croire que la Suisse est épargnée. La gauche fantasme sur une caisse unique, genre Sécu en France, alors qu’elle admet elle-même que ça ne ferait pas baisser les coûts. Le centre tente tant bien que mal de masquer l’échec flagrant de la LAMAL, loi sur l’assurance maladie introduite en 1994 par le gouvernement**, qui a mis en place l’assurance obligatoire, car depuis lors les coûts explosent chaque année. La droite se borne à des propositions assez timides, comme restreindre les prestations remboursées par l’assurance de base obligatoire.
Quant à la presse… La Tribune de Genève nous livre l’interview d’un prétendu “spécialiste de la politique sanitaire” et professeur à l’université. Que propose-t-il ? “Une planification nationale** de la main d’oeuvre médicale me paraît indispensable. Nous devons établir une fourchette de densité du nombre de médecins par rapport à la population, pour chaque spécialité, et nous y tenir”. En somme, il reprend la même logique de fou que Ruth Dreyfuss**** : si un cabinet médical ouvre quelque part, les gens autour commencent à tomber malade et à aller s’y faire soigner. Ou bien ? Appliquons cette logique à un autre domaine : les restos coûtent trop cher, donc limitons le nombre de restos à un par quartier! Même chez les communistes, je n’ai jamais entendu pareille imbécillité, pourtant dans le domaine de la santé ça ne choque personne.
Plus loin, le spécialiste repart de plus belle, se prononçant pour une contribution en fonction du revenu, car “Tous les Etats européens à économie libérale financent leur système de santé en fonction du revenu.” Visiblement, c’est encore plus grave que je ne le pensais : si un pays finance son système de santé en fonction du revenu, je vois mal comment il pourrait être qualifié de libéral…
Moralité : si on veut guérir le système de santé, il faudra commencer par soigner d’urgence les “spécialistes de la santé” et les politiciens en charge de la santé…
* voir cet article et celui-ci)
**suite à un référendum, la loi a été acceptée en votation populaire, mais pas de beaucoup, à 51.8%
*** au terme de “planification nationale”, je ne peux m’empêcher de penser à The Road To Serfdom, de F. Hayek, qui en explique tout le danger. voir une version courte et illustrée, ou le livre.
****notre très compétente Conséillère fédérale chargée de la santé, la démissionnaire socialiste Ruth Dreyfuss, a interdit pour trois ans l’ouverture de nouveaux cabinets médicaux. Quelques mois plus tard, grand titre de la Tribune : “La
Suisse va manquer de médecins”. Plus loin : “On s’achemine vers une pénurie de pédiatres, ce qui pourrait augmenter encore les coûts”. Merci Mme Dreyfuss.
Par Turion, sous Santé étatisée, Socialo-communisme, le 2002-12-28