Hervé s'inflige la lecture de 20 minutes, quant à moi cela fait longtemps que je ne supporte plus de regarder le journal télévisé, mais je m'inflige tout de même la lecture de l'édition du week-end de la feuille de chou locale...

obésité sous contrôle

On y apprend tout d'abord que "aux Etats-Unis, des obèses se sont mis à attaquer en justice les groupes alimentaires." En effet, il paraît que "il est désormais avéré que la recrudescence de l'obésité entraîne d'énormes conséquences socio-économiques", donc "des plaintes collectives sont maintenant déposées aux Etats-Unis contre contre les grands groupes alimentaires, sommés de passer à la caisse pour dédommager les victimes de leurs produits".

Eh oui, quant vous allez manger au McDo, c'est en tant que victime! Car tout le monde sait que McDo dispose dérrière lui de la puissance armée capitaliste pour vous forcer a aller y avaler leurs infâmes produits...

D'ailleurs, tout le monde sait que les obèses "ont été incités à manger n'importe quoi"! Il faudrait tout de même savoir pourquoi certains ont été incités et d'autres pas...

Heureusement, des solutions se mettent en place : "la multinationale Kraft, productrice du fromage Philadelphia [...] va réduire la taille de ses emballages!". Génial non ? Comme ça tout ira mieux!

cigarettes sous contrôle

Il est intéressant de relever que l'article met en parallèle ces plaintes avec celles des fumeurs contre les fabricants de cigarettes, aux USA. Or, pour lutter contre le tabagisme, notre cher gouvernement Suisse veut au contraire fixer dans la loi le nombre minimal de cigarettes par paquet! Heureusement qu'on a un Etat pour décider ce genre de choses! Imaginez comme ce serait le chaos si chacun pouvait vendre des paquets de clopes de n'importe quelle taille, avec autant de clopes qu'il veut!

Par contre, je serais curieux de comprendre pourquoi dans certains cas la bonne chose à faire pour réduire la consommation d'un produit est d'augmenter la taille de l'emballage et dans d'autres cas de la réduire...

Puis, j'arrive à la première page du cahier Genève et Région...

limousines sous contrôle

Rien que le titre : "Des chauffeurs au noir parasitent le marché de la limousine"

Les rédacteurs feraient bien de revoir la définition de parasiter : vivre aux dépens de. Donc, si je fais de la concurrence à une multinationale de la boulangerie en ouvrant une boulangerie locale, est-ce que ça veut dire que je vis à ses dépens ? Certes non. Le parasitage est une caractéristique du socialisme, pas du capitalisme. Bien entendu, il est de bon ton de maintenir cette confusion et de prêter au second les attributs du premier.

Allez, on continue par un témoignage émouvant : "Alain (prénom d'emprunt),professionnel de la branche, est excédé :" Chaque été cela recommence, des chauffeurs en tout genre continuent à vendre leurs services illégalement en cassant les prix"". Quelle horreur! De la concurrence! Et illégale en plus! Pourquoi illégale ? Eh bien, parce que dans la société ultralibérale d'aujourd'hui, n'est pas chauffeur de limousine qui veut! Il faut pour cela se soumettre à certaines règles que l'Etat a fixées, pour notre bonheur à tous!

"Plus qu'un problème de guerre des prix, c'est l'origine des chauffeurs engagés qu'il dénonce". Clac! Nouveauté : le racisme devient politiquement correct, tant qu'il s'accompagne d'une bonne dose de protectionnisme socialiste! "Des agences, créées pour l'été, enrôlent n'importe qui : des réfugiés [il faut en effet savoir qu'un réfugié qui bosse pour gagner sa vie, c'est mal, tandis qu'un réfugié qui vit des subventions volées par l'Etat aux contribuables, c'est bien], des gens au bénéfice de l'assurance invalidité et surtout des travailleurs illégaux. Cet été, une quarantaine de Marocains et de Tunisiens ont été recrutés pour venir bosser au noir!". Pour un peu il ajoutait qu'ils viennent manger le pain des suisses ces gens-là!

"Pour Alain, il est temps que les autorités accroissent les contrôles : "C'est intolérable que des chauffeurs sans permis de travail ni permis professionnel viennent conduire "en touristes" des limousines dépourvues de tachygraphe. On n'est pas au Far West". Autrement dit : plutôt que de chercher à attirer la clientèle, en misant par exemple sur son expérience ou la qualité de son service, la voie capitaliste, Alain préfère la voie socialiste : se servir de l'argent volé aux contribuables pour s'assurer son petit monopole par la force.

Un peu de corporatisme ? "Une nouvelle association compte bien interpeller Micheline Spoerri dans les prochains jours. La fédération devrait réunir une douzaine de sociétés pour un parc automobile de 200 à 250 voitures. Elle souhaite que les loueurs soient obligés de négocier des conditions directement avec elle".

Le délire continue : "On vient de mettre à l'arrêt un chauffeur qui bossait pratiquement sans cesse depuis trois jours". Sisi, vous lisez bien : le pauvre mec est crevé après trois jours de boulot, et que fait l'Etat ? Il le met en prison! C'est pour son bien qu'on vous dit!

arbres sous contrôle

Encore un beau titre : "La colère gronde après l'abattage d'érables". Il semblerait que des arbres ait été abattus et que des gens en soient mécontents. Nous y est livrée une interview d'un technicien au Service cantonal des forêts, de la protection de la nature et du paysage (SFPNP). On apprend que : "Une des tâches difficiles de cet amoureux de la forêt est d'autoriser l'abattage des arbres. C'est lui qui a donné le feu vert pour la coupe des érables du Pré-Jérôme. Mais la décision n'a pas été prise à la légère. En amont, il a évalué la valeur marchande des arbres selon l'espèce, l'état sanitaire et l'âge. La note a été ensuite présentée à l'IES [l'institut d'études sociales, ceux qui ont voulu abattre les abres pour s'agrandir] qui est tenue d'investir l'équivalent de ce montant dans l'aménagement paysager. Le projet de transplantation devra recevoir l'approbation du service compétént."

Ca en fait des degrés de bureaucratie pour une histoire d'arbres, non ? Heureusement, l'article l'explique : "Ne coupe pas arbre qui veut (la loi L4.05.04 régit la procédure). Un propriétaire qui voudrait s'en départir devra demander l'autorisation au Service cantonal des forêts, de la protection de la nature et du paysage. Si sa requête est acceptée, il devra remplacer le défunt arbre par un autre sur son terrain."

Bref, régulation, corporatisme, bureaucratie. Petit à petit, l'Etat se glisse dans toutes les activités, aussi banales soient-elles...

source
Tribune de Genève